exposition « Paris s’habille en bois » de Cristòbal Ochoa
Solo show de l’artiste vénézuélien, Cristòbal Ochoa.
Vernissage à partir de 19h – série de 18 photos et 4 sculptures
Il a fui le chaos d’un pays où la démocratie a été kidnappée par un pouvoir politique qui règne sans partage, où la liberté d’expression, de penser et la plupart des libertés en général ont été confisquées. Cristóbal Ochoa est arrivé en France il y a près de deux ans, parce que son nom figurait sur une liste d’activistes opposés au régime vénézuélien. Cet artiste plasticien de 33 ans, qui a récemment obtenu le statut de réfugié, n’a rien perdu de sa passion en arrivant en Europe, sur le vieux continent. Celle d’observer et de restituer un contexte politique, au travers de son prisme artistique. Sans jugement, en essayant de comprendre.
« Paris s’habille en bois » propose 18 photographies et 4 sculptures en bois, résumé de son appréhension du réel, alors que le mouvement des Gilets jaunes a capturé chaque fin de semaine la capitale et d’autres grandes villes de l’Hexagone. D’un côté Giorgio Armani, Chanel, Nina Ricci, Dior, Cartier, se sont habillés de bois, tandis que Louis Vuitton se parait de métal pour faire face au déferlement d’une foule devenue « incontrôlable » et protéger chacun son luxe, symbole de la renommée de la France dans le monde. De l’autre, une France déshéritée, qui « monte » à Paris hurler sa colère et l’inscrit sur ces devantures éphémères, à coups de slogans. « Cachez-vous Chanel ! ». Au milieu, un fossé social, une grande incompréhension de part et d’autre, comme un écho du monde que Ochoa a laissé derrière lui.
Au prix d’un travail de terrain, qui prend ses racines dans le photojournalisme mais s’en écarte rapidement pour creuser sa fibre artistique, cette série rompt avec l’agitation de la rue à travers des verticales et des horizontales ordonnées, jouant sur les symétries et l’harmonie de teintes pastel. Des lignes parallèles, qui ne pourront jamais se rencontrer, se croiser, comme cette tentative de dialogue entre la rue et le gouvernement de Macron.
Les courants politiques qui s’affrontent sur le bitume tout proche, dans le désordre le plus total se projettent sur les façades en lignes ordonnées, sans fracture ni rupture, comme en apesanteur.
Cette œuvre n’est pourtant pas partisane. Juste un angle de vue d’un conflit, d’un tumulte entre deux périodes où la ville panse ses plaies. L’artiste affiche la vulnérabilité, brute, comme le bois censé protéger les trésors, dans étrange contraste avec la puissance des grands groupes qui les possèdent. Un matériau pur et noble, en apparence basique et banal. Le paradoxe de vitrines déguisées en haillons
La perception du désordre de la rue par Ochoa face aux devantures camouflées se fond dans une allégorie de la caverne de Platon — « les merveilles du monde intelligible » ne seront accessibles qu’à celui qui en poussera la porte.